Prise de parole en public - épisode 2/3
Sylvain (00:01)
Bienvenue sur le podcast Brain Moving qui traite des émotions et de la performance au travail. Ce podcast est coanimé par Aymeric Guilot, professeur en neurosciences, et moi -même, Sylvain Renou, expert en communication. Notre objectif est d 'échanger ouvertement sur la communication interpersonnelle, la préparation mentale, la prise de parole en public, les neurosciences et la négociation pour vous aider à mieux vous connaître.
Aymeric (00:24)
Bonjour à toutes et à tous. Ravie de vous retrouver une nouvelle fois pour ce podcast dans lequel j 'ai la chance de pouvoir interviewer Sylvain dans la continuité de ce qu 'on avait commencé à voir ensemble la dernière fois, afin de rentrer un peu plus dans le détail de la prise de parole en public. Et aujourd 'hui, on vous propose un podcast sur les techniques corporelles qui ont été mentionnées à plusieurs reprises comme étant importantes, voire essentielles, dans la prise de parole en public. Et j 'aimerais bien que Sylvain nous apporte son éclairage sur...
sur leur rapport, sur leur intérêt, sur la manière de les travailler, bref, qu 'on puisse balayer tout le spectre des techniques corporelles lors d 'une prise de parole en public, quelle que soit l 'audience. Sylvain, je vais entrer directement dans le vif du sujet. La dernière fois, tu avais parlé du vert verbal et du non -verbal, tu avais introduit l 'importance des techniques corporelles dans la prise de parole. Est -ce que tu peux situer pourquoi il y a autant d 'importance sur le comportement, sur la posture, sur le corps de manière générale ?
et pas simplement sur le discours et sur le contenu de la prise de parole.
Sylvain (01:31)
Bon déjà je pense que c 'est un tout et que le contenu a son importance tout autant que le reste voire même selon les contextes juste pour amener aussi un petit peu de nuances là dedans selon les contextes le contenu aura plus d 'importance que le corporel et je pense c 'est important aussi de contextualiser quand est ce que le corporel va être important et puis quand est ce qu 'il peut donner aussi des informations.
Par exemple, j 'ai pu voir dans des réunions, des réunions de direction d 'ailleurs, quand ils sont entre collègues, j 'ai vu plusieurs fois la personne hiérarchiquement la plus élevée dire des choses super, très importantes, convaincantes, mais avec une posture ultra détendue, presque en mode chaise longue sur une chaise. Alors c 'est une manière de montrer que c 'est un peu elle qui commande et puis qu 'elle fait ce qu 'elle veut.
C 'est une manière de montrer qu 'elle n 'est pas sous pression et qu 'elle n 'a pas besoin de faire un réel effort, forcément ici, que l 'enjeu n 'est pas si élevé pour peut -être engager son corps autrement. Donc, ça marchait très bien et je pense que les techniques de prise de parole en public au niveau corporel, elles ne doivent pas tout le temps être adoptées parce que ça demande un sacré effort de le faire. Par contre, ce qui est intéressant, pour ces mêmes directeurs ou directrices que j 'ai pu voir en mode un peu plus détendu,
au sein de leurs équipes, quand elles étaient face à des enjeux un peu plus importants où elles devaient réussir à embarquer une audience ou leur client, ben là tout d 'un coup elles arrivaient à appliquer ces techniques pour les personnes qui avaient appris à le faire. Et c 'est intéressant de voir que ben, faut pas tout le temps le faire.
ou t 'es pas obligé de tout le temps le faire, d 'autant plus comme je le disais avant que je compare ça à du sport, que c 'est un réel engagement physique, que c 'est une petite performance qui demande beaucoup d 'énergie. Donc...
C 'est... comment dire ? Le corps ne va pas tout faire, mais le corps peut faire la différence dans certains contextes. Et en l 'occurrence...
Aymeric (03:47)
C 'est passionnant. Ça fait partie du panorama, en fait.
Sylvain (03:53)
Oui, exactement. Et puis tu vois, il y a des manières dont tu vas juger le corporel différemment dans certains contextes. T 'es participant, enfin, t 'es dans le public d 'une conférence. Quand tu vas voir la personne arriver sur scène s 'installer, tu vas déjà analyser la manière dont elle se tient, dont elle va bouger, dont elle va se mouvoir. Tu vas peut -être être moins attentif.
à ce genre de choses quand t 'es avec des gens que tu vois plus régulièrement dans le cadre du travail lors d 'une réunion, par exemple.
Aymeric (04:28)
Oui, donc ça trahit, enfin ça trahit, ça donne des directions, ça induit des jugements ou des interprétations qui peuvent influencer après la manière dont tu reçois le discours, qui plus est.
Sylvain (04:41)
Oui, exactement. Mais parce qu 'on a des filtres. Malgré nous, on porte un jugement sur les personnes qu 'on rencontre. Et je pense d 'ailleurs qu 'une des premières choses qu 'on va se poser comme question malgré nous, avec tout le monde, c 'est est -ce que je peux faire confiance à cette personne ou pas. Et le corps indique beaucoup de choses là -dessus.
Tu vois, et puis il y a deux, trois études qui ont été menées là -dessus qui peuvent être intéressantes aussi, mais quand tu vois une personne, un ou une conférencière arriver sur scène et que tu analyses sa manière d 'être déjà au niveau corporel, tu te poses déjà malgré toi la question est -ce que je peux faire confiance à cette personne ?
Aymeric (05:31)
C 'est passionnant et je fais plein de liens là au moment où tu parles avec la prépa mentale. Est ce qu 'on peut dire que ? Pas de manière systématique, mais globalement, la compatibilité entre le langage corporel et le message que tu veux faire passer, c 'est un vecteur d 'importance, c 'est un facteur d 'influence qu 'il faut essayer de contrôler. Parce que tu donnais un exemple, justement, de.
le patron qui était complètement détendu, a posé la pourc... Il y avait une compatibilité entre l 'importance du discours et puis la posture dans laquelle il se tenait pour exprimer ce discours -là. Est -ce que de manière générale, c 'est mieux d 'avoir une compatibilité et d 'accepter que parfois l 'incompatibilité puisse être utile ou bénéfique, mais que dans l 'absolu, c 'est quand même mieux de rechercher cette compatibilité ?
Sylvain (06:24)
Mais la compatibilité, tu vas la chercher en lien avec l 'enjeu que tu traverses. Si tout d 'un coup, il y a un directeur et une directrice qui est en mode plus détendu, c 'est que l 'enjeu n 'est pas très élevé à ce moment -là. En l 'occurrence, ces mêmes personnes, dans certaines réunions que j 'ai pu assister, s 'aperçoivent que leur propre équipe serait prête à ne pas suivre une vision que la personne a.
elles vont engager leur corps tout autrement pour réussir à les embarquer. En l 'occurrence, quand c 'était le cas, j 'ai une réunion qui me revient en tête, cette personne, qu 'est -ce qu 'elle a fait d 'entrée de jeu ? Elle s 'est mise debout. Elle s 'est mise debout, elle faisait un peu le tour de... pas le tour de la table, mais elle faisait des allées et vient vers l 'avant de la table de conférence. Donc...
Et cette personne -là, je ne suis même pas sûr qu 'elle ait eu un workshop quelconque ou une formation en prise de parlons en public, mais je m 'aperçvais que selon les enjeux, elle a engagé son corps de manière assez intuitive. Après, ce que j 'ai pu observer au niveau corporel, et puis on va rentrer dans les détails, mais ce que j 'ai pu observer aussi avec des gens que j 'ai formés sur la prise de parlons en public au niveau corporel, c 'est que quand elles engagent ces techniques...
Aymeric (07:28)
OK.
Sylvain (07:49)
elles arrivent à créer d 'autres dynamiques de groupes au sein de leurs propres équipes ou des personnes avec qui elles ont l 'habitude de faire des réunions. Donc ça, c 'est une palette de possibilités que je trouve vraiment intéressante à pouvoir déployer. Dans la manière dont tu vas te tenir, engager l 'autre avec le regard, la manière dont tu regardes, par exemple, quand tu es assis en réunion, il y a des fois des gens qui sont directement à côté de toi. La petite tendance, et puis je pourrais détailler ça après avec le regard,
La petite tendance c 'est de faire un petit check du regard de côté pour intégrer la personne. Mais tu vas pas forcément tourner tes épaules et axer ton visage au visage de l 'autre. Quand tu le fais, pratiquement, systématiquement, les personnes vont se redresser sur leur chaise et s 'engager physiquement dans la discussion même si elles n 'ont même rien à dire là -dessus.
Aymeric (08:39)
C 'est intéressant. En fait, c 'est une compatibilité qui est stratégique, mais qui n 'est pas délétère nécessairement. Et là, pour le coup, ça peut se différencier de certains aspects en préparation mentale. On aura l 'occasion d 'y revenir. Mais là, c 'est intéressant, ce principe -là, parce que ça permet de modeler ton discours, en fait, de manière appuyée, accentuée ou au contraire, d 'être plus dans une forme de passation d 'information, mais sans forcément avoir le but derrière.
Sylvain (08:54)
Oui.
Aymeric (09:09)
de convaincre nécessairement, ok, c 'est super intéressant. Est -ce que de manière un peu générale, parce que j 'aurais des questions un peu plus précises, je pense, par la suite, et certainement que toi tu prendras des exemples un peu plus précis, mais quelles sont pour toi les techniques corporelles qui sont ou qui paraissent essentielles à maîtriser ? Peut -être que tu vas casser ou au contraire renforcer des idées reçues, tu sais, la notion de posture fermée ou de posture ouverte.
selon comment on se tient, quand on écoute quelqu 'un ou quand on s 'adresse à quelqu 'un. Mais est -ce qu 'il y a des choses comme ça macroscopiquement qui paraissent pour toi importantes à avoir à l 'esprit sur lesquelles on va justement pouvoir porter son attention ?
Sylvain (09:52)
Alors, posture ouverte, posture fermée, c 'est intéressant, c 'est quelque chose que je m 'aperçois dans les formations que je donne, je n 'ai pas forcément beaucoup cette notion -là. Mais parce que dès que...
Aymeric (09:59)
Ça ne m 'étonne pas plus que ça, parce que je pense que c 'est une notion que tout le monde balance, qui est simpliste et qui est largement simplifiée et à laquelle on porte un jugement.
Sylvain (10:11)
Oui, et qui est très très interprétable et interprété. Les études sur le langage corporel, elles sont passablement attaquées. Il y a beaucoup de contre -études qui montrent que ce n 'est pas possible de vraiment savoir si une personne croisée, elle est en train de se... Enfin, ça veut dire beaucoup de choses, une personne qui croise les bras.
Aymeric (10:15)
interpréter même.
...
Sylvain (10:39)
Mais en l 'occurrence, oui, je donne un cahier des charges corporel. Et puis il y a trois, il y a trois choses, trois techniques qui sont importantes. Il y a la posture du corps, il y a le regard et il y a la voix. Et ces trois choses -là, une fois que je détaille un cahier des charges assez précis autour de ces techniques corporelles, dans tous les cas, elles empêcheront une personne d 'avoir une posture, comme tu mentionnais, avant fermée. Donc on se pose même pas la question.
Et puis je peux détailler ces techniques. Je ne vais pas forcément les détailler au complet parce que je pense facilement en parler une heure et demie. Mais grosso modo, la posture, l 'idée, c 'est d 'avoir une ultra stabilité au sol et puis d 'aller chercher sa sécurité au sol avec les jambes légèrement écartées et un bon équilibre entre l 'avant et l 'arrière des pieds. Et de se tenir droit et droite.
Aymeric (11:35)
Je me souviens de ça, excuse -moi, je te coupe, je te laisse terminer après, mais je me souviens de ça. Tu me l 'avais partagé assez vite dans nos premiers échanges et ça m 'avait dérangé, ça m 'avait interpellé puisque on m 'avait conseillé la fameuse appui arrière qui, toi, tu n 'étais pas plus familier que ça et tu n 'emballais pas plus que ça d 'ailleurs et sur lequel moi je trouvais hyper intéressant pour maîtriser justement la posture et ça allait complètement à contre -courant, on va dire, de ce que je faisais intuitivement.
Sylvain (11:44)
Oui. Oui.
Aymeric (12:04)
Je me souviens bien de cet aspect -là.
Sylvain (12:09)
Oui, mais parce que là, ce que tu avais partagé avec moi, c 'était que tu avais tendance à trop bouger quand tu parlais, à faire des va et viens quand tu marchais. Et pour t 'empêcher de le faire, on t 'avait conseillé de prendre appui sur l 'arrière de tes jambes et d 'être en quasi déséquilibre pour ne plus bouger, pour t 'empêcher de bouger. Le problème avec ce conseil, c 'est que...
Aymeric (12:13)
Oui, exactement.
Sylvain (12:39)
Effectivement, ça t 'empêche de bouger, mais ça t 'empêche de mieux appliquer les deux autres techniques. Donc c 'est pour moi un conseil qui ne traite pas le symptôme, mais qui traite le mot.
Aymeric (12:41)
Oui, c 'est tout à fait.
J 'avais compris l 'idée.
Sylvain (12:56)
Oh non, qui traite le symptôme, mais pas le mot, pardon. Je me suis... Non, en l 'occurrence, là, l 'idée d 'avoir ce bon ancrage au sol, c 'est d 'avoir la possibilité de bouger et de marcher, mais sans mettre en péril son équilibre, en croisant les jambes, ou alors en se tenant que sur une jambe par moment. Et tu vois, les gens, d 'ailleurs, qui se tiennent que sur une jambe, à un moment donné, toutes les personnes, à un moment donné, fatiguent.
elle s 'appuie après sur l 'autre jambe. Puis ça donne une sorte de déhanchement durant l 'ensemble de l 'intervention qui est inintéressante et qui est parasitante, qui fait des diversions là où il n 'y a pas besoin d 'en faire. Ensuite quand t 'es assis, parce que là si t 'es debout, quand t 'es assis tu vas essayer d 'aller chercher la même verticalité et ancrage au sol. C 'est à dire que les chaises la plupart du temps, le dossier, l 'ensemble des chaises te poussent à aller sur le dossier. Et c 'est confortable.
Par contre, t 'es pas dans une posture droite et tu vas pas pouvoir chercher un bon ancrage au sol. Donc l 'idée, c 'est de se mettre un peu plus en avant sur la chaise pour aller chercher vraiment cette posture. Et puis cet ancrage au sol avec généralement les jambes en angle droit et puis tu dois vraiment sentir le sol sous les pieds. Ça, c 'est pour la posture. Alors ça va te donner forcément une bonne présence. Forcément. Donc ça, c 'est à ton avantage.
On l 'avait vu ensemble et puis on a eu des discussions autour d 'études qui pouvaient éventuellement prouver qu 'il y avait une influence sur les hormones ou pas mais ça n 'a pas été reproduit donc on n 'en sait rien par rapport aux hormones. Mais par contre ce que ça va permettre c 'est de mieux appliquer les deux autres techniques aussi en dehors du fait que ça va te donner une bonne présence. La deuxième technique, le regard, celle -ci je l 'adore parce que je l 'aime bien parce que je reviens de loin avec ça.
J 'ai eu beaucoup de difficultés avec cette technique quand je l 'ai apprise. L 'idée, c 'est quand tu fais une intervention parlée, quand tu es en présentiel avec les gens, à deux personnes ou plus, deux personnes à 4000 personnes, à aucun moment, à aucun moment tu regardes quelque chose d 'autre que le regard de ton public. L 'idée, c 'est de réussir à créer une bulle où tu embarques tout le monde tout le temps.
à chaque moment où tu vas regarder le sol, le plafond, la fenêtre, c 'est une occasion à ton public de s 'évader aussi. Et pour tenir l 'attention, l 'idée c 'est d 'avoir cette très l 'intention de te connecter aux gens et de leur transmettre quelque chose. Et pour faire un vrai regard, souvent je demande c 'est quoi un vrai regard pour vous, quand t 'es debout et que des gens sont assis, ça demande un effort d 'axer ton visage pour aller chercher vraiment...
de mettre au même niveau que la personne. C 'est -à -dire, ça demande de baisser la tête. En l 'occurrence, il y a beaucoup de personnes qui gardent un peu la tête droite, parce que c 'est plus confortable et ça demande moins d 'efforts. Mais quand tu le fais, ça peut vite donner un sentiment hautain, un sentiment d 'une personne qui prend de haut les autres personnes. Et surtout, t 'es pas connecté directement avec la personne. Et quand tu axes ton regard et que tu regardes réellement quelqu 'un dans les yeux,
C 'est comme s 'il y avait un chemin direct pour ton contenu auprès de cette personne.
Quand tu as un groupe d 'une vingtaine de personnes, mais même cinq personnes, l 'idée c 'est de faire des regards aléatoires et de ne pas avoir une sorte de pattern qui se dessine en ayant toujours le même rythme et les mêmes personnes dans la manière dont tu vas regarder. Donc c 'est vraiment d 'aller surprendre les gens avec ton regard pour toujours maintenir ce degré d 'attention.
Aymeric (16:58)
Et tu me disais sur un public accessible en termes de nombre, c 'était d 'impliquer tout le monde et d 'avoir cette connexion du regard avec tout le monde, notamment sur les personnes qui sont sur les extrémités et qu 'on a parfois tendance à oublier un petit peu.
Sylvain (17:15)
Et il faut très vite, avec les extrémités, genre quand t 'es avec eux, mais même avec 20 personnes il y a cette tendance, il faut montrer à ton corps jusqu 'où tu dois aller avec les extrémités dès le départ. Parce que je crois beaucoup au fait que dès que ton corps a compris jusqu 'où il doit se mouvoir pour aller vraiment chercher des gens, tu vas le reproduire plus facilement durant ton intervention après. Puis tu peux te déplacer aussi pour aller chercher les gens.
Donc pour axer ton visage, tu vas... Moi, j 'aime bien donner l 'image d 'essayer d 'imaginer que tu as un nez de Pinocchio qui vise le milieu du visage de la personne avec ton nez qui se met au même niveau que le nez de la personne. Donc si une personne est assise et que tu es debout, ça demande vraiment de tourner la tête, de la baisser, de la tourner selon la personne pour trouver ce degré et cet axe. Quand le regard, quand t 'es avec...
énormément de personnes, genre 400 à, je disais avant, 4000, les personnes qui sont au fond, tu ne pourras pas les voir dans les yeux, c 'est certain. Quand tu es sur une scène, si tu es sur une scène avec de l 'éclairage, même les personnes qui seront au début, ça sera compliqué de les voir dans les yeux. Par contre, il faut garder cette intention -là. C 'est -à -dire qu 'il faut aller trouver des ombres.
des silhouettes de personnes en disant la tête elle est ici, je m 'adresse à cette personne là. Et qu 'est -ce que ça va faire ? D 'avoir l 'intention de s 'adresser à cette personne là, ça donnera le sentiment aux 20 personnes qui sont autour de cette personne qu 'elles sont regardées et qu 'elles sont cette personne. Et là aussi, il faut jouer avec les extrémités mais aussi la profondeur s 'il y a beaucoup de personnes. Et sur le regard toujours,
Aymeric (18:54)
de cette personne concernée.
Sylvain (19:09)
Ce que je trouve vraiment... Alors, ce que je trouve génial, je vais revenir encore sur d 'autres choses, il y a plein de choses qui me viennent, ce que je trouve vraiment fantastique, c 'est que tu ne peux pas savoir ce que pensent les gens. Et souvent, il y a ce besoin et cette difficulté quand tu commences à partir dans une conférence, à avoir que très peu de retour sur ce que tu es en train de dire. Et...
Aymeric (19:32)
C 'est important ce que tu dis parce que t 'es même en attente de retour et quand tu les as pas tu les construis.
Sylvain (19:42)
selon la fragilité de la personne et selon la situation, tu vas essayer de provoquer quelques réactions pour être sûr que c 'est juste, que les gens sont avec toi, que t 'es pas tout seul en train de faire un monologue, où les personnes essayent de se poser la question, comment elles peuvent s 'évader d 'ici, grosso modo. Mais ça m 'est arrivé plusieurs fois de tomber sur des têtes de personnes...
Aymeric (19:46)
...
Sylvain (20:11)
me regarde comme ça, qui me regarde avec un sourire, avec une sorte de presque tendresse et accueil dans les yeux, qui font un petit oui de la tête, et d 'autres personnes qui tirent la gueule, et vraiment qui tirent grave la gueule, c 'est à dire qui sont en mode grimace, comme s 'il y avait quelque chose de pénible. Et c 'est intéressant parce que je me rappelle, j 'avais fait une...
une présentation dans une séance de direction et puis il y avait une des directrices qui me regardait avec ce visage très accueillant et qui t 'en sait beaucoup ce que je disais et c 'est la première à être intervenu à la fin de ce que j 'avais à dire qui m 'a directement dit et qui a dit à tout le monde je suis en totale opposition avec ce que tu as dit et à l 'inverse moi je m 'aperçois par exemple dans le public
je suis quelqu 'un de très peu généreux, c 'est -à -dire que je facilement fronce les sourcils, je tire la tête, par contre dans ma tête c 'est la folie, je me fais des images, j 'essaye de faire des liens avec ce qui est dit, je me dis est -ce qu 'on a un truc à faire ensemble ou pas, et je pense de mon côté en tout cas que c 'est ma... c 'est ce que ça me demande de me concentrer en fait, ça me demande, je donne tellement d 'efforts ailleurs que j 'en donne plus aucun sur...
sur le facial. Donc, la difficulté et puis le paradoxe que tu peux avoir avec le regard, c 'est que quand tu tombes sur un regard, quelle que soit la tête de la personne sur qui tu vas tomber, de continuer à être le plus généreux possible ou la plus généreuse possible. Et en l 'occurrence, c 'est compliqué parce que par moment, tu vas quand même avoir potentiellement des réactions de...
de ton public qui va quitter en sais ce que tu es en train de dire, mais tu ne peux pas t 'attendre à avoir ça non plus. Donc quand tu l 'as, tu t 'aperçois que tu crées des dynamiques de groupe, mais quand tu ne l 'as pas, ça ne veut pas dire que c 'est mort. Donc...
Aymeric (22:15)
En gros, c 'est un peu, je ne sais pas combien de tièmes c 'est, mais c 'est la corte halteig de quelle que soit l 'expression faciale de la personne ou le retour qui te fait quand tu la regardes à ce moment -là, ne le prends pas personnellement et ne cherche pas à ni analyser ni à juger, soit le plus généreux possible et continue à donner à cette personne -là comme tu donnes à toutes les autres personnes.
Sylvain (22:40)
n 'interprète pas effectivement. Tu peux pas interpréter parce que de toute manière t 'auras faux d 'autant plus que si tu commences à le faire, imaginons si tu commences à le faire pendant que t 'es en train de parler, t 'as trop de choses à gérer en même temps. Donc tu dois gérer. Oui c 'est ça, tu pars en saturation cognitive qui fait que dès que t 'es en saturation cognitive qu 'est -ce qui se passe ? C 'est à ces moments là qu 'une personne va commencer à avoir des blancs.
Aymeric (22:48)
Une saturation cognitive, oui, direct.
Sylvain (23:06)
où c 'est à ce moment -là que la personne va commencer à avoir des symptômes corporels, genre bouger dans tous les sens, genre commencer à avoir la gorge qui se serre, genre ne plus réussir à vivre le moment présent, à se connecter à ce qui se passe, ce voir de haut, enfin une déconnexion totale ou une déconnexion partielle. Donc il faut se méfier de cette surcharge cognitive et...
et il faut se concentrer sur ces trois techniques qui vont te permettre de bien te connecter à ton public en fait. En gros.
et ton contenu. Donc ça, c 'est les deux choses. Et puis ces techniques, je n 'ai pas encore donné la troisième technique, mais je vais y venir. Ces techniques qui demandent un effort, que je compare à du sport, elles ont pour but de rendre ton public le plus confortable possible. Donc c 'est ça qui compte. Et c 'est pour ça que sur le premier podcast qu 'on a fait, je clôturais sur parler en public, c 'est faire exister l 'autre.
faire exister l 'autre, c 'est lui permettre d 'évoluer dans son propre univers en lien avec le contenu que tu lui proposes et dans la tête des gens, il se passe des choses complètement différentes d 'une personne à l 'autre. Donc c 'est de créer ces espaces -là et d 'accepter que ça demande un effort pour amener ce confort -là, au traitement public. Sur le regard, je voulais juste encore dire quelque chose. Quand...
Alors non, je vais dire deux choses. Je suis tombé sur des enjeux culturels avec le regard. Et c 'est intéressant de voir que dans certaines cultures, tu ne peux pas regarder les gens dans les yeux. Par exemple, j 'avais eu une fois une personne qui venait du Maroc, elle me dit « mais mon propre père, je ne le regarde pas dans les yeux ». Ça serait de la défiance. Et ce qui a d 'intéressant, c 'est de comprendre aussi dans quel contexte.
tu vas parler parce que ces techniques corporelles, elles peuvent être utiles dans certains contextes et puis elles peuvent être contre -productives aussi selon où tu le fais. Mais ce qu 'il y a d 'important pour moi, pour des personnes par exemple qui avancent dans des doubles cultures, c 'est d 'avoir l 'agilité de pouvoir s 'adapter et puis de réussir à appliquer ces techniques ou à ne pas les appliquer ou volontairement ne pas les appliquer.
Aymeric (25:31)
De toute façon, pour les ajuster, il faut les maîtriser.
Sylvain (25:39)
Pour les ajuster, il faut les maîtriser dans tous les cas. La deuxième chose que je voulais dire, c 'est la plupart du temps, et c 'est bien triste d 'ailleurs je trouve, les gens utilisent des PowerPoint ou des Keynote. C 'est bien triste parce que pour moi c 'est très beau en terme de connexion quand une personne vient parler sans support.
dans la manière de se connecter, dans la manière de transmettre l 'information, et je m 'aperçois dans les conférences que je donne d 'ailleurs, je le fais toujours sans support. Quel que soit le temps quasi. S 'il y a des supports, c 'est vraiment vers la fin ou à des moments extrêmement précis, de façon très courte, pour montrer un schéma par exemple. Si vous avez un PowerPoint ou un keynote, l 'idée c 'est de faire une rupture nette avec le regard.
pouvoir changer de slide, contrôler que c 'est bien la bonne slide qui est projetée, mais dès le moment où vous avez vu ça, vous retournez vers votre public directement et à partir de là, vous ne lâchez plus le regard. La slide, elle est inexistante. Et c 'est pas une slide qui va convaincre ou persuader votre public, c 'est la personne qui parle.
Aymeric (26:59)
C 'est important ce que tu dis, parce que pour le coup, dans mon corps de métier, c 'est systématique que dans les confs, on ait des supports visuels. Mais effectivement, le support visuel, il est pour l 'autre, il n 'est pas pour toi. Toi, il ne faut pas que tu le regardes, ce support visuel -là. Si tu perds la connexion au public, tu perds le fil, tu perds l 'histoire, c 'est contre -productif à mort.
Sylvain (27:00)
et c 'est la personne qui se connecte à son public qui va réussir à le faire. Donc ça, c 'est important.
Oui.
Oui et puis si t 'analyses concrètement, 90%, 99 % des slides pourraient être racontés, est -ce que ça raconterait des choses beaucoup plus sympa que ce qu 'il y a sur la slide ? Mais je ne suis pas contre les slides sur une intervention quelconque s 'il y a trois slides mais qui sont vraiment bien réfléchis avec quasi aucun mot dessus.
pas ça va peut -être venir supporter quelque chose mais je me méfie terriblement des supports de façon générale peut -être je termine avec la troisième technique la voix il ya deux choses dans la voix il ya le volume de la voix c 'est à dire que le volume devra être adapté au nombre de personnes que tu vas avoir et puis au support que tu pourrais avoir pour pouvoir communiquer c 'est à dire est ce qu 'il faut un micro ou pas et puis
Dans le volume de voix, il y a quelque chose d 'intéressant à explorer aussi parce que tu peux t 'amuser à avoir des volumes différents qui vont amener une forme de mélodie dans le contenu que tu partageras et c 'est une manière de renforcer le... tout ce qui est en lien avec le paralangage.
Ensuite, dans la voix, il y a les silences. Oh non, les silences, il faut se les imposer, les silences, mais il faut respirer. C 'est l 'air que tu vas mettre dans ton corps qui va te permettre de faire résonner tes phrases. Si t 'as pas d 'air, t 'arrives pas à traverser les gens avec ton contenu. Donc l 'air, ça va être le pouvoir de tes mots. Par contre, pour pouvoir chercher de l 'air, il faut faire des pauses.
Et c 'est à chaque fois que tu feras des pauses que tu pourras respirer. À chaque fois que tu feras des pauses, ça sera aussi l 'occasion pour toi de réfléchir à ce que tu vas dire. Et de voir si tu veux prendre un chemin de campagne ou pas à ce moment -là pour atteindre ton objectif de discours.
Aymeric (29:25)
Et en même temps, tu me disais aussi un jour, c 'est l 'opportunité pour l 'audience d 'avoir un moment d 'approfondissement, de réflexion, d 'écho mental à ce que tu leur dis.
Sylvain (29:37)
Oui.
Oui, et ça c 'est la troisième chose que je voulais dire et puis c 'est, je pense, la plus indispensable, mais tu ne peux pas la voir si tu ne respires pas, donc c 'est intéressant. Laisser le temps aux gens de se faire des images mentales, ça va faire toute la différence. Les gens ont besoin de se faire des films, de faire des connexions, d 'assimiler le contenu, et c 'est qu 'en faisant des pauses que ça sera possible de le faire.
Quand on est en live, en podcast par exemple, et c 'est intéressant d 'ailleurs parce qu 'on a parlé ça dans notre premier podcast et puis j 'ai croisé une personne qui a écouté notre podcast qui m 'a dit, mais tu sais en fait, dans les podcasts, il faut pas faire de pause parce que c 'est la mort, les pauses à la radio ou dans les podcasts. Donc je comprends ce que tu dis, mais pas ici. Et puis j 'étais là, ben oui, en fait, t 'as raison, c 'est juste. Mais quand vous êtes en live avec des gens, les pauses, ça va être...
ça va faire toute la différence. Pour bien respirer, il faut respirer avec le ventre. C 'est -à -dire aller chercher une détente de la ceinture abdominale, c 'est pour ça que c 'est important d 'être détendu d 'ailleurs, c 'est pour ça que c 'est important de se tenir droit parce que si vous êtes recroquevillé sur une chaise ou que vous vous tenez de manière tordu, ça sera plus dur de respirer avec le ventre. Et puis en allant respirer avec le ventre, qu 'est -ce que ça va faire ? Ça va amener de l 'air jusqu 'en bas de vos poumons.
Si tu ne respires qu 'avec le thorax, tu auras de l 'air qu 'en haut des poumons et tu auras moins de capacité pulmonaire. Donc moins de capacité à faire des phrases, plus élaborée avec beaucoup de puissance et d 'air dedans.
Donc ça c 'est les trois techniques. C 'est intéressant parce qu 'on parle aussi des pauses. Quand t 'es en conférence, on va pas te couper la parole. Par contre, quand t 'es en train de faire une réunion avec des gens, souvent on te coupe la parole. Particulièrement dans les réunions qui ont pas été protocollées par rapport au partage, à la manière dont on va se répartir la parole et prendre des décisions. Et j 'aimerais bien une fois qu 'on parle de ça d 'ailleurs dans un podcast.
un thème qui est passionnant. Si tout d 'un coup vous vous apercevez que vous faites couper la parole, la pire des choses, ça serait d 'essayer de continuer d 'une traite sans faire de pause pour essayer de faire en sorte qu 'on ne vous coupe pas la parole à la tout prix. Parce que là, vous allez perdre en contenance dans ce que vous êtes en train de dire. En l 'occurrence, les fois où ça m 'est arrivé, je préfère me laisser couper la parole et laisser parler l 'autre.
Et je peux m 'apercevoir qu 'il y a des personnes qui ont d 'autres stratégies que moi, mais qui sont des stratégies que je trouve un petit peu plus dominantes et un peu moins intéressantes dans la relation que ça crée. C 'est -à -dire de continuer à parler, puis de continuer à élever la voix par -dessus l 'autre quand on se fait couper la parole pour continuer à avoir la parole. Non, moi, je préfère me faire couper la parole une, deux fois, mais après de recadrer en disant, excusez -moi, là, on est en train de discuter ça.
Je pense que l 'enjeu, il est important et que pour réussir à explorer une solution à cet enjeu, c 'est indispensable qu 'on puisse s 'écouter. Et dès le moment où vous dites à un groupe de personnes, je pense que c 'est intéressant qu 'on ne se coupe pas la parole, personne ne va vous dire, non, je préfère qu 'on continue à se couper la parole. Personne. Donc à partir de là, tu peux poser un cadre qui te permet de faire par moments des pauses intéressantes dans ton contenu.
Aymeric (33:10)
C 'est intéressant.
Sylvain (33:14)
ou dans la manière dont tu vas transmettre l 'information. Et puis, ça, c 'est les trois techniques. Et je ne me base que là -dessus. Les questions qui reviennent très rapidement sur ces trois techniques, c 'est qu 'est -ce que je fais de mes mains ? Et ça revient sur ce que tu disais au début du podcast, fermé, ouvert, ou ce genre de choses. La chose la plus importante pour moi par rapport aux mains, c 'est de les libérer. Et souvent, moi, ce que je préconise, c 'est de commencer les bras le long du corps.
et c 'est très désagréable de commencer comme ça, mais qu 'est -ce que vous allez vous apercevoir ? Tu vas t 'apercevoir très vite que c 'est comme si il y avait des petits cerveaux qui se greffaient au bout de tes mains et puis qu 'elles vivent leur vie. Elles vont commencer à bouger, à faire des choses, elles vont s 'adapter au contenu et puis à la dynamique corporelle dans laquelle t 'es. Elles vont suivre le flot, grosso modo. Donc de ne pas les libérer, ça va empêcher ça.
et souvent des personnes qui se tiennent les mains, eh ben c 'est des personnes qui vont commencer à s 'agiter avec le bas du corps et qui vont commencer à bouger avec les pieds. Et ça j 'ai pu le voir plusieurs fois chez des gens, des personnes qui lâchent tout d 'un coup les mains et qui dépensent de l 'énergie, parce qu 'on a tous de l 'énergie à dépenser, qui dépensent de l 'énergie avec les mains, ben c 'est toute cette énergie qui ne sera pas dépensée ailleurs pour des raisons qui vont pas être intéressantes pour l 'intervention.
Aymeric (34:35)
C 'est passionnant en tout cas tout ça. Et un peu comme la dernière fois, ça ouvre des pistes de réflexion, de travail qui sont juste hyper enthousiasmantes. Avant de peut -être poser des questions un peu plus précises qui vont finalement venir éclairer, je pense, ces différents aspects là. Est -ce qu 'à l 'inverse, il y aurait des choses selon toi un peu globales à éviter ? T 'as donné un exemple déjà ou deux à travers ton...
des éclairages sur la manière de tenir le regard, sur la posture à adopter. Mais est -ce qu 'il y aurait d 'autres choses qui sont assez fréquentes ou assez récurrentes et qui, selon toi, sont plutôt à éviter ?
Sylvain (35:25)
C 'est intéressant cette question parce que je m 'aperçois que je ne me pose pas du tout la question de cette manière -là. Pour moi, c 'est plutôt qu 'est -ce qui a à incorporer ou qu 'est -ce qui a à adopter. Et dans tous les cas, si tu l 'adoptes, t 'éviteras ce qu 'il y a à éviter.
Donc je dirais non, il n 'y a pas grand chose à éviter tant que tu appliques ces trois techniques grosso modo.
Aymeric (35:47)
C 'est un peu là que j 'allais revenir, c 'est que finalement, l 'erreur, la chose à éviter serait de négliger une de ces trois techniques et la complémentarité entre ces trois techniques, c 'est ça ? D 'accord. Mais par contre, il n 'y aurait rien qui serait rédhibitoire en termes de posture, de comportement à partir du moment où c 'est mis au service de ces trois techniques -là. OK.
Sylvain (36:01)
Oui, c 'est ça. Oui, exactement.
Oui, c 'est ça. Mais par exemple, tu vois, la posture, quand tu tiens droit et que tu vas chercher ton ancrage au sol, ça veut dire que tu ne vas pas tenir à quelque chose, tu gardes tes mains libérées. Donc tu ne vas pas aller vers une table ou une chaise et puis la tenir avec tes mains et puis, je ne sais pas, te cacher ou te sentir en sécurité derrière un objet. Ou alors tu ne vas pas commencer à mettre un pied sur une chaise et...
t 'accouder sur ton genou pour avoir une posture un peu plus cool ou bien essayer de gérer ton image de cette manière -là. Donc dès que tu vas adopter ces postures, et puis tu vois, ces trois techniques, elles sont utilisées, il n 'y a rien de nouveau, elles sont utilisées par les politiciens et les politiciennes, elles sont utilisées par tous les professionnels de la parole. Le fait de se concentrer sur ce cahier des charges permet d 'éviter tout ce qu 'il y a à éviter. Après moi j 'aime parler de cahier des charges parce que...
Et ça, je l 'avais dit dans le premier podcast aussi, on nous demande tout le temps de parler en public. On nous fait des injonctions très vite, de attention, t 'es pas bon là sur l 'articulation, faut parler plus fort, relax, tout va bien. Ce genre d 'injonctions, on ne te donne jamais de technique ou de cahier des charges pour savoir comment l 'éviter ou comment mieux faire. En l 'occurrence, l 'idée ici, c 'est de donner un cahier des charges qui...
au début va être un peu pénible en implémentation parce que ça demande de déconstruire des manières de faire pour réimplanter ces techniques. Par contre, ça va permettre à un moment donné, assez rapidement, j 'ai pu m 'apercevoir qu 'après déjà deux jours de formation, il y a des déclics énormes chez les personnes, ça permet de réduire la charge, tu parlais de charge cognitive avant, de surcharge cognitive.
ça permet de réduire la charge cognitive parce que t 'as plus à réfléchir à ce qui est juste ou pas vu que t 'as un cahier des charges. Donc c 'est tous ces questionnements qui viennent en moins quand t 'es en train de parler.
Aymeric (38:15)
Du coup, tu as répondu à la question que j 'avais la suivante, c 'était la posture qui te permet d 'avoir l 'air le plus engageant, le plus confiant dans le discours. Finalement, il n 'y en a pas une miraculeuse, il y a une verticalité, un ancrage dans le sol à adopter, qui serait un petit peu, entre guillemets, un point de départ. Et derrière, il y a une compatibilité stratégique quand elle est nécessaire en fonction de l 'enjeu du discours, de l 'enjeu de la communication, de l 'échange.
mais qui ne serait pas... Il n 'y a pas de recette par rapport à ça. Éviter les artifices, épurer au maximum pour avoir cette verticalité et cet ancrage, et puis derrière, laisser la vie aux mains et au reste du corps pour aller dans le sens du discours qui est recherché, c 'est ça ?
Sylvain (39:02)
Oui, c 'est ça. Et si je devais rajouter quelque chose sur ces techniques, une des choses les plus importantes à comprendre aussi, c 'est que l 'idée avec ces techniques, c 'est de ne pas faire en sorte que tout le monde parle de la même manière, c 'est de faire en sorte que tu amènes ta propre personnalité, l 'énergie que tu as au travers ces trois techniques.
Aymeric (39:21)
C 'est le côté authentique que t 'évoquais la dernière fois, de rester authentique dans la zone. Je pense qu 'on a bien compris l 'importance du regard et de la connexion par et avec le regard auprès de l 'audience. Est -ce que toi tu utilises stratégiquement des expressions faciales pour accentuer un élément de discours, pour augmenter la suggestion que tu vas formuler dans un discours ou dans un échange ?
Sylvain (39:28)
Exactement. Oui.
Oui, mais je le fais malgré moi. Tu parles d 'expression faciale.
Aymeric (39:56)
Oui, les expressions faciales, ça pourrait être les comportements, pas forcément que les mimiques faciales, mais ça pourrait être des éléments de ratification, de confirmation qui influencent quelque part l 'audience à aller dans le sens du discours que tu leur proposes.
Sylvain (40:15)
Alors, moi, je me concentre pas beaucoup sur l 'expression faciale des gens, dans le sens où tout le monde a un rapport très différent par rapport à ça, puis des automatismes qui seraient bizarres de contrôler, je pense. De contrôler complètement, mais ça dépend des contextes, de nouveau. Par contre... Alors, moi, oui, je l 'utilise, mais parce que je suis quelqu 'un de très expressif et puis je le fais un peu malgré moi. Par contre...
Ce qu 'il y a d 'intéressant, c 'est de voir quelqu 'un qui n 'a pas beaucoup d 'expression faciale, notamment ça peut arriver au niveau des... Ça commence souvent vers les joues, avec la bouche qui bouge très peu. Là, je vais intervenir parce que ça doit être au service de la voix. Et pour réussir à créer des mélodies et pour réussir à articuler mieux et pour réussir à bien avoir les mots en bouche,
c 'est important de savoir articuler. Pour pouvoir articuler, il faut engager tous les muscles de la mâchoire et des joues. Et pour pouvoir le faire, ça demande de gagner en élasticité avec la bouche. Donc il y a des exercices pour ça, mais ça, le fait de le travailler, ça va amener de toute manière plus d 'expression faciale parce que tu vas engager un peu plus ta bouche.
Mais ici, le but, ce n 'est pas de se dire « Ah, tu vas plus communiquer avec ton visage comme ça ». Le but, c 'est que le contenu soit plus fluide pour la personne.
Aymeric (41:47)
Et encore une fois, l 'idée c 'est aussi de laisser ces expressions faciales -là accompagner le discours de manière automatique, spontanée et donc idéalement compatible avec le message que tu veux faire passer. Et pareil, tout à l 'heure, tu soulignais l 'importance, on en a discuté à plusieurs reprises parce que je me sens particulièrement concerné par rapport à ça, mais l 'importance des silences, l 'importance des poses, des poses d 'intégration et de cette gestion du flux.
et pas forcément de la vitesse, tu m 'avais repris à plusieurs reprises là -dessus, est -ce que toi, c 'est malgré tout des éléments que tu vas moduler, le ton, l 'intonation, la vitesse d 'élocution, en fonction du discours, en fonction des éléments de ton discours ou de l 'objectif de ton discours ? Parce que ça, dans un deuxième temps, c 'est quelque chose que tu peux utiliser stratégiquement ou est -ce que tu laisses vivre exactement de la même manière que les expressions faciales ?
Sylvain (42:53)
C 'est intéressant parce qu 'il y a souvent des personnes qui me disent « Ah mais moi on me dit tout le temps que je parle trop vite. » Il y a toujours des personnes qui me disent ça. Et en fait quand tu analyses, c 'est pas qu 'elles parlent trop vite, c 'est qu 'elles laissent juste pas le temps aux personnes d 'assimiler l 'information. C 'est -à -dire que c 'est des personnes qui pourraient garder la même vitesse de parole, mais en faisant des pauses, ça fait toute la différence. Donc non, j 'interviens pas forcément là -dessus.
à moins que la vitesse vienne péjorer l 'articulation. Ce qui peut arriver, ça aussi. Donc si c 'est le cas, oui, là, on ne va pas travailler la vitesse, on va travailler l 'articulation, qui aura une conséquence sur la vitesse. Les pauses vont avoir une conséquence sur la manière d 'assimiler l 'information. Donc non, je ne travaille pas forcément sur la vitesse directement. Je travaille sur ce qui gravite autour de cette vitesse.
Aymeric (43:37)
Ok.
Je pense que tu vas me faire une réponse qui va un peu dans le même sens, j 'anticipe, mais de la même manière.
Est -ce que tu utilises la marche ou le déplacement pour parfois chercher à dynamiser un discours ou est -ce que finalement ça devient un artifice et que ça va un petit peu à l 'encontre de la posture ancrée dont tu parlais tout à l 'heure ?
Sylvain (44:09)
ça dépend des gens aussi. En fait, ce qui est intéressant, c 'est vraiment que tu dois partir et adapter ces trois techniques à toutes les personnes. Et ça dépend des gens, dans le sens où il y a des personnes qui vont se sentir beaucoup mieux ancrées si elles ne bougent pas, et qui vont avoir plus de facilité, par exemple, à gérer leur regard en restant au même endroit. C 'est très bien qu 'elles restent au même endroit, il n 'y a aucune obligation de bouger. Par contre, il y a des personnes qui ont...
beaucoup plus d 'énergie et qui ont besoin de dépenser énormément d 'énergie, ces personnes -là, c 'est intéressant qu 'elles se déplacent pour le faire, effectivement.
Aymeric (44:43)
Merci beaucoup, ça m 'intéresse.
Sylvain (44:49)
Moi je fais partie de ces gens là, je me déplace beaucoup. Par contre, j 'aurais toujours des déplacements ancrés et puis je m 'arrêterais par moments pour venir me poser à un endroit. Ne serait -ce même que pour une phrase. Donc ouais, ça dépend des gens.
Aymeric (45:03)
Écoute, tu as, je pense, déjà donné plein de pistes intéressantes à toutes les personnes qui nous écoutent, à la fois pour analyser un petit peu la manière dont elles fonctionnent actuellement et puis peut -être pour se projeter sur comment elles pourraient enrichir et diversifier leurs pratiques. Est -ce que tu as malgré tout un exercice pratique qui permettrait d 'améliorer la maîtrise de la technique gestuelle ou la présence scénique et qui pourrait essayer d 'impulser un changement par rapport à...
un fonctionnement dans lequel on se cloisonne assez vite et justement faciliter la rupture, sortir de cet élément -là pour aller en direction de ce que tu nous décrivais comme étant les trois éléments importants.
Sylvain (45:50)
Oui, la dernière fois, j 'ai proposé un exercice sur les ressentis corporels pour continuer à enquêter sur soi -même. L 'idée, c 'est de commencer à implémenter une de ces techniques là où il n 'y a pas forcément beaucoup d 'enjeux pour enquêter et voir ce que ça te fait d 'utiliser le regard.
exemple ou la posture ou d 'essayer de faire des pauses.
Ça, c 'est génial à faire parce que ça va donner beaucoup d 'informations sur les points sur lesquels il faudra se concentrer pour implémenter ces techniques. En l 'occurrence, moi, je me suis aperçu que j 'avais énormément de difficultés avec le regard quand j 'ai appris ces techniques, dans le sens où j 'avais l 'impression que les gens avaient accès à mon âme directement, qu 'elles pouvaient presque... Il y avait un degré d 'intimité que je surévaluais ou que je fantasmais complètement.
Dès le moment où j 'ai compris ça, je me suis amusé tout le temps à placer le regard. Et j 'ai pu me sentir des fois mal à l 'aise en regardant une caisse d 'un magasin, quelqu 'un dans les yeux en payant, en me disant « c 'est intime, c 'est intime » mais parce que je me faisais mes propres films. Donc il fallait juste que je m 'habitue à comprendre ce qui se passait en moi au moment où j 'applique le regard.
déconstruire les pensées que je me suis créées et les interprétations que je me suis fait à travers ce regard pour pouvoir me sentir serein autour de ça. Donc ça vous pouvez le faire avec les trois techniques, c 'est -à -dire, ah tiens, je vais essayer vraiment de m 'ancrer au sol. Qu 'est -ce que ça me fait ? Comment je me sens ? Mais j 'ai envie de bouger. Qu 'est -ce qui se passe ? Pourquoi j 'ai envie de bouger ? Et ça, ça fait remonter des informations qui vont être intéressantes pour pouvoir évoluer.
Aymeric (47:46)
Ouais, concrètement, par exemple, sur une réunion de travail, la prochaine réunion de travail, c 'est de mettre en place des choses qui viennent un peu en rupture avec ce qu 'on fait habituellement et d 'observer un petit peu l 'effet que ça a sur nous et sur les autres. Par exemple, se tenir différemment. Tu m 'avais évoqué ça un jour. Tiens -toi différemment sur la chaise lors d 'une réunion complètement anodine et anecdotique et regarde l 'effet que ça a. Maintiens le regard et connecte -toi aux collègues à chaque fois que tu vas leur parler, plutôt que d 'avoir un regard fuyant. Ça, c 'est des choses assez faciles et se confronter à ça.
Sylvain (47:48)
et pour prendre du recul sur ces modes de fonctionnement.
Exactement. Oui. Oui.
Mmh.
Aymeric (48:15)
en observant l 'effet que ça a, ce serait une bonne première entrée en matière.
Sylvain (48:25)
J 'ai pu voir des gens qui tout d 'un coup remarquent une différence directe, puis d 'autres personnes qui testent. Et puis comme c 'est nouveau, ça va être des fois un peu mécanique. C 'est arrivé une ou deux fois que des personnes me disent, il y a mes collègues qui se sont arrêtés de parler et qui m 'ont dit, mais ça va, tout va bien. Et c 'est OK parce que personne ne va s 'en rappeler, ça n 'a aucune conséquence parce que tu choisis des moments qui n 'ont...
pas de force en jeu pour tester ça. Donc tout est ok, mais ça montre un peu des... Ça donne des informations qui vont être intéressantes et importantes pour la suite.
Aymeric (48:56)
Et certainement ça pousse à dépasser des inconforts parce que ça va forcément créer de l 'inconfort au départ.
Ne serait -ce que par la nouveauté, pas forcément par la direction qu 'on prend, mais par la nouveauté et la rupture par rapport à ce qu 'on faisait.
Sylvain (49:08)
Oui... Oui...
C 'est ça. C 'est ça. L 'inconfort est en lien avec le fait qu 'on va court -circuiter des automatismes et des habitudes. Et puis, le deuxième exercice que je trouve hyper intéressant, c 'est de se filmer. Si vous avez l 'occasion de vous filmer et de vous analyser uniquement à travers ces trois techniques, la voix, les silences, le regard, la posture...
ça vous donne un super bilan de là où il faut travailler. Et puis pour terminer, peut -être si vous faites un bilan comme celui -ci, puis que vous vous apercevez que le regard c 'est compliqué ou alors que la posture c 'est compliqué, sur l 'ensemble des... parce que j 'ai formé vraiment beaucoup de personnes, sur l 'ensemble des gens que j 'ai pu former, je me suis aperçu avec le temps qu 'il y avait un lien souvent, souvent, un lien direct avec la posture et le regard.
et que des fois des gens qui se concentrent vraiment sur la posture leur permettent de mieux débloquer leur regard et des fois des gens qui bougent dans tous les sens le fait de beaucoup plus se concentrer sur le regard leur permettent d 'aller chercher une bonne posture.
Aymeric (50:18)
Peut -être trouver celui qui tire les autres et qui permet de créer une dynamique qui va dans le sens de trois aspects. Ok, super.
Merci infiniment, Sylvain. Je pense que tout ce qu 'on a évoqué, tout ce que tu as développé dans ce podcast va forcément résonner et faire écho à des choses dans le sens d 'une confirmation ou dans le sens d 'un besoin d 'analyse et peut -être de réorientation. En tout cas, on peut qu 'inviter nos auditeurs, nos auditrices à tester, comme tu le dis, à s 'observer et à regarder un petit peu.
Sylvain (50:31)
C 'est ça. Donc ça, c 'est à tester.
Merci.
Aymeric (50:58)
prendre du recul à s 'observer et à observer les changements éventuels. Et puis, comme d 'habitude, on est vraiment à l 'écoute et friand de vos commentaires, de vos retours, de vos analyses, des questionnements que vous pourriez avoir et des pistes que ça éveille chez vous pour d 'éventuels échanges futurs et des aspects à traiter un peu plus spécifiques.
Sylvain (51:27)
Merci Eric.
